Marketing digital

Facebook en 2025 : pourquoi le réseau social ne séduit plus

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Autrefois incontournable, Facebook semble aujourd’hui avoir perdu de sa superbe. Moins utilisé par les jeunes, critiqué pour son manque de pertinence et concurrencé par TikTok, le réseau social de Meta peine à convaincre en 2025. Pourquoi Facebook se démode-t-il ? Et reste-t-il pertinent dans une stratégie de communication digitale ?

Facebook en 2025 : un réseau social devenu média algorithmique

D’après une analyse de Business Insider, les publications de proches (famille, amis, collègues) représentent désormais moins de 17 % du contenu visible dans le fil d’actualité Facebook, contre 22 % quelques années plus tôt. 

Ce chiffre en recul témoigne d’une transformation profonde du réseau : d’un espace social, il est devenu un agrégateur de vidéos et de contenus sponsorisés. "Instagram et Facebook ne sont plus vraiment des réseaux sociaux, ce sont devenus des plateformes de contenu", résume l’analyste Rob Price.

Cette transformation en media player algorithmique, calqué sur le modèle TikTok, éloigne Facebook de son ADN initial : la connexion entre individus.

Dans un échange d’e-mails révélé en avril 2025, Mark Zuckerberg lui-même reconnaît que Facebook est en train de perdre en “résonance culturelle”. En d’autres termes, même si l’application reste utilisée au quotidien, elle ne s’inscrit plus dans les pratiques culturelles, les routines numériques ou les réflexes relationnels des utilisateurs.

Les jeunes désertent la plateforme

Ce constat est particulièrement vrai chez les jeunes. Une étude de Pew Research réalisée entre février et juin 2024 montre que 68 % des Américains âgés de 18 à 29 ans déclarent utiliser Facebook régulièrement, soit une adoption encore majoritaire dans cette tranche – mais nettement en recul si l’on regarde la tendance passée.

Toujours selon Pew, l’usage au sein des générations les plus jeunes plafonne : 32 % des ados (13‑17 ans) seraient actifs sur Facebook, contre environ 71 % entre 2014 et 2015, marquant un effondrement du public adolescent. Facebook reste utilisé par près des deux tiers des 18‑29 ans aux États-Unis aujourd’hui, mais le recul du segment adolescent est marqué et s’inscrit dans un mouvement de déclin global de l’engagement jeune.

En France, Médiamétrie indique une audience internet mensuelle de 56,6 millions de personnes en mai 2025 (88 % de la population), tandis que le rapport Digital 2025 estime que 59 % des adultes français utilisent Facebook début 2025 (49,6 % des internautes) . Or, Médiamétrie souligne une stagnation de l’usage chez les 18‑34 ans depuis 2021, signe d’un réseau figé dans ses audiences, sans progression significative dans les tranches plus jeunes.

Les jeunes préfèrent des plateformes comme TikTok, Snapchat ou Instagram, qui proposent des formats courts, visuels, et interactifs. Facebook apparaît désormais comme un réseau vieillissant, peu adapté aux nouveaux usages.

Facebook victime de l’“enshittification” ?

Pour beaucoup, Facebook est devenu un espace saturé. Saturé de publicités, de contenus non pertinents, d’interfaces complexes. Ce phénomène porte un nom : l’"enshittification" , – ou "merdification" .

Le blogueur, journaliste et auteur Cory Doctorow théorise ce concept pour désigner la "dégradation de qualité qui affecte progressivement les plate-formes numériques qui opèrent sur un marché biface, par exemple celles qui mobilisent à la fois des utilisateurs et des annonceurs".

Dans ce processus en plusieurs phases, une plateforme, d’abord bénéfique pour ses utilisateurs, les exploite progressivement au profit de ses partenaires commerciaux, puis de ses actionnaires, jusqu’à dégrader totalement le service.

Ce mécanisme, rendu possible par des situations de quasi-monopole, aboutit à la perte de valeur de la plateforme et à son abandon dès qu’une alternative devient accessible.

Un réseau en mode pause

En tant que consultant en marketing de contenu, mais aussi simple utilisateur, je constate que mes amis publient de moins en moins sur Facebook. Les albums photos de vacances ont disparu, les statuts se sont taris, les interactions sont devenues sporadiques.

Facebook reste présent dans les smartphones, mais il s’y passe peu de choses. Ou plutôt : peu de choses qui concernent directement nos cercles sociaux.

Facebook reste utile… mais pour qui ?

Faut-il pour autant rayer Facebook de la carte dans une stratégie marketing ? Certainement pas. Pour mes clients, je continue d’y intégrer des actions ciblées. Mais la vocation a changé :

  • En B2C, Facebook devient un canal de "service après-vente", de gestion des messages privés, voire de traitement des réclamations.

  • Côté B2B, il peut servir à adresser un public plus âgé, notamment les 45‑65 ans, encore très présents sur la plateforme.

En revanche, pour générer de l’engagement, créer de la communauté ou toucher les jeunes actifs… il faut souvent aller ailleurs et il est souvent préférable de l’utiliser comme canal de notoriété passive.

Facebook en 2025 : réseau fantôme ou plateforme d’archives ?

En réponse à cette crise de sens, Meta tente un retour aux sources : un nouvel onglet “Friends” est testé pour remettre en avant les publications d’amis. Une navigation chronologique est aussi en cours de déploiement.

Mais la question demeure : est-il encore temps de reconquérir l’attention des utilisateurs ? Ou Facebook est-il en train de devenir ce que certains appellent déjà un "réseau d’archives", une plateforme de souvenirs où l’on va moins pour interagir que pour se rappeler “comment c’était avant” ?

Portrait de Jérôme Abribat

Jérôme Abribat

16/07/2025